Marie Caprini : se reconvertir à 50 ans

A 50 ans, après plus de 25 ans de salariat, j’ai créé Iki Boussole et je suis devenue conseillère en transition professionnelle des femmes. Dans cette article, je vous parle de mon parcours, des étapes de ma reconversion mais aussi d’Ikigai et je vous donne quelques conseils pour vous lancer dans l’entrepreneuriat.

Mon parcours

Je suis Marie, 53 ans, j’habite près de Toulouse et j’ai choisi de vivre de qui je suis !

Pour débuter, je peux dire que j’ai un parcours atypique, que je suis une grande curieuse et que j’ai longtemps manqué de confiance en moi.

Lorsque j’étais enfant, je posais toujours beaucoup de questions. On me surnommait « Mademoiselle pourquoi » ! Timide, je m’évadais par la lecture et je m’efforçais d’être parfaite pour ne pas décevoir.

Ensuite, je deviens une adolescente rebelle, fâchée avec le système scolaire. J’avais un profil littéraire alors qu’à l’époque on ne jurait que par les maths ! J’obtiens pourtant mon Bac avec mention puis m’inscrit en BTS de Tourisme sans grand enthousiasme.

Devenue jeune adulte, mon seul souhait était de trouver très vite un emploi pour être autonome financièrement. Après quelques petits boulots, je décroche un poste de secrétaire. Pas le job de rêve mais suffisant pour voler de mes propres ailes !

Plus tard, à la naissance de mes enfants, je choisis de partir en congé parental. Ma directrice de l’époque me dit « Les absents ont toujours tort, je ne te garantis pas que tu retrouveras ton poste à ton retour ! ». Pourtant, je persiste dans mon choix et je ne le regrette pas. Je profite de mes fils et partage beaucoup d’activités avec eux.

Puis, je reprends mon activité professionnelle à temps partiel, d’abord assistante administrative puis assistante de communication. Je suis disponible pour mes proches à défaut de m’épanouir dans mon travail. Mes enfants vont à l’école primaire, au collège, au lycée : les années filent sans que je m’en rende compte.

Par ailleurs, je m’investis beaucoup bénévolement dans des associations et m’engage pour des causes qui me touchent : la culture (médiathécaire bénévole), l’éducation (aide aux devoirs, parents d’élèves) et l’insertion (atelier CV pour demandeurs d’emploi, mentorat

Je suis une éternelle étudiante

En effet, je crois en la plasticité du cerveau, à la possibilité d’évoluer et en l’apprentissage tout au long de la vie.

Ainsi, à 30 ans, j’ai obtenu un DUT de Documentaliste. Grâce à ce cursus en cours du soir, j’ai redécouvert le plaisir d’apprendre qui désormais ne me quittera plus !

De plus, à presque 40 ans, je me forme à nouveau en parallèle de mon travail : une licence en Sciences de l’Éducation puis un M1 en Gestion de l’information. Et tout récemment, un titre de formateur professionnel d’adultes ! J’aime apprendre, découvrir, nourrir mon esprit même si ces études me demandent beaucoup d’énergie. J’assume à l’époque plusieurs rôles : salariée, maman et étudiante à distance, pas toujours facile de tout concilier !

livres et café : un temps d'introspection avant de se reconvertir
Photo par RoonZ-nl on Pixabay

Choisir de se reconvertir à 50 ans

Cette décision fait suite à un questionnement de longue date sur mon identité professionnelle et mon utilité sociale.

J’avais toujours eu du mal à répondre à la question « Que fais-tu dans la vie ? ». Pour moi, mon emploi ne me définissait pas. J’étais bien plus que cela, multiple et complexe.

Il est vrai que j’ai choisi de privilégier ma vie personnelle, familiale et amicale au détriment de ma carrière : avoir du temps pour moi et pour mon entourage a toujours été primordial pour moi.

Cependant, à 50 ans, je vis une période d’angoisse et de remise en question.

Mes parents sont partis, mes enfants ont grandi. C’est une période de bouleversements intimes et familiaux.

Sans compter qu’au boulot, je m’ennuie profondément et que ma hiérarchie n’est pas très bienveillante. Tous les matins, je pars la boule au ventre et les larmes aux yeux.

A cette époque, les pensées tournent en boucle dans ma tête.

« A qui suis-je utile désormais ? »

« Quelle orientation donner à ma vie ? »

 « Comment trouver ma place ? »

« A mon âge, changer de job est-ce bien raisonnable ? »

Stop. Je dois me reprendre !

Je décide qu’il est temps d’oser, de penser à moi et d’écouter mes besoins.

En premier lieu, en décembre 2019, je me lance dans un bilan de compétences (financé par mon CPF) pour faire le point sur ma situation professionnelle. Bien qu’un peu frustrant, ce bilan me permet de me prendre du temps pour moi et de questionner mes envies. Je m’oriente alors vers un projet professionnel provisoire lié à la formation aux outils bureautiques (autant capitaliser sur mon expérience dans ce domaine !).

Mais le vrai déclic c’est ma découverte de l’Ikigai.

J’ai le coup de foudre pour cet outil d’introspection sous forme de 4 cercles. Cette philosophie de vie basée sur la joie et le sens m’ouvre des perspectives enthousiasmantes et me donne de l’énergie.

L’Ikigai c’est quoi ?

L’Ikigai rassemble 2 termes Iki « être en vie » et Gai « qui vaut la peine ».

Joie + sens = ce qui donne envie de se lever le matin !

Ce concept a été schématisé sous la forme de 4 cercles qui s’entrecoupent :

  • Ce que j’aime
  • Ce pour quoi je suis douée
  • Ce dont le monde a besoin
  • Ce pour quoi je peux être payée

A l’intersection de ces 4 cercles : votre Ikigai, le fil rouge entre toutes vos réponses.

Identifier son Ikigai, c’est trouver sa raison d’être et s’orienter dans la bonne direction pour un meilleur équilibre de vie !

Méthode Ikiigai outil pour se reconvertir
Photo par Content Pixie on Unsplash

Un nouveau départ professionnel en 2020

2020 est mon année héroïque !

C’est un nouveau départ, car j’ai l’impression de reprendre enfin en main ma vie professionnelle. Je prends des décisions, j’évolue et je m’ouvre des horizons.

Assurément, beaucoup de bouleversements durant cette année particulière : mes fils étudiants quittent le nid ; des proches s’en vont définitivement.

C’est aussi l’apparition du Covid, une période vraiment anxiogène pour nous tous. Mais en réalité, je découvre que le télétravail me convient très bien. Je travaille mieux dans le calme, sans contraintes hiérarchiques, je suis libre de m’organiser comme je veux.

En outre, je continue mes recherches en ligne sur le développement personnel, les formations, l’entrepreneuriat.

Mon projet mûrit semaine après semaine, j’écoute mon intuition, je me fais confiance et je dompte mes peurs…

Je me forme à l’entrepreneuriat avec Pose ta Dem, je découvre un autre univers, un autre état d’esprit (ce fameux mindset) et un nouveau vocabulaire : « personal branding » « persona » et « business plan » !

Je n’avais jamais envisagé l’entrepreneuriat et soudain tout devenait possible, je m’autorisais en définitive à écouter mes besoins.

En d’autres termes, je m’offre un second souffle, une dynamique pour sortir du bore-out qui me guettait.

En septembre 2020, au retour des vacances, ma décision est prise ! Je demande une rupture conventionnelle à mon employeur qui l’accepte.

En octobre, je m’inscris à une formation de formateur à distance.

Et, pour conclure, en janvier 2021, je dis adieu au salariat. Le changement est en marche !

Le temps du changement : se reconvertir à 50 ans
Photo parAlexas_Fotos on Pixabay

Les étapes de ma nouvelle vie d’entrepreneure

Début 2021, j’intègre la Maison de l’Initiative, une coopérative d’activité et d’emploi qui m’accompagne dans l’élaboration de mon projet entrepreneurial.

J’adhère également à un réseau féminin d’entrepreneuriat (Femmes des Territoires) pour échanger avec d’autres femmes entrepreneures et monter en compétences sur certaines thématiques (réseaux sociaux, cible, offre…).

En cours d’année, je me forme à la méthode Ikigai pour pouvoir utiliser cet outil dans mes accompagnements à la transition professionnelle des femmes.

Je termine ma formation de formateur et suis certifiée formatrice en octobre 2021. En novembre, je signe un contrat CAPE avec la Maison de l’Initiative.

Enfin, je crée Iki Boussole pour aider les femmes au parcours professionnel atypique à valoriser leur potentiel et construire un projet professionnel qui leur ressemble, inspirant et pertinent.

Les valeurs d’Iki Boussole

Ce nouveau départ professionnel, c’est un cadeau que je me fais ! J’ai donc choisi de créer une activité professionnelle qui me ressemble et qui a du sens.

Tout d’abord, je suis partie de mon WHY (ce qui me fait vibrer et donne du sens à mes actions) que j’ai croisé avec mes passions, mes talents (savoir écouter, rédiger sans faute, être créative) et les besoins que je constatais dans mon entourage. J’ai synthétisé le tout sous forme de carte mentale (j’adore ce format visuel) et l’idée d’Iki Boussole a émergé.

En résumé, ce qui m’anime c’est à la fois le féminisme, la solidarité et l’optimisme.

Le féminisme

Car mon constat est le suivant : les femmes sont encore défavorisées sur le marché de l’emploi et manquent souvent de confiance en elles et en leurs compétences.

Prenons mon exemple : travailler à temps partiel, partir en congé parental, ces choix ont rythmé ma propre vie professionnelle. Des décisions pas toujours bien acceptées et comprises dans un monde du travail créé par et pour les hommes !

De plus, autour de moi, je constatais souvent que mes amies luttaient pour faire face aux multiples injonctions de la société et avaient souvent du mal à concilier tous leurs rôles.

J’ai donc voulu me rendre utile pour les femmes, et contribuer à leur autonomie financière par l’emploi.

La solidarité 

En effet, je crois en l’entraide et à la main tendue, au droit de croire en ses ambitions quelles que soient ses origines ou son parcours. Je souhaite convaincre les femmes de tous horizons d’accueillir leur singularité comme une force et non comme un frein.

De fait, je suis convaincue que pour retrouver une vie professionnelle épanouissante, il faut d’abord reconstruire l’estime de soi, pour retrouver la fierté et l’assurance permettant de valoriser son parcours.

L’optimisme

Et, pour finir, je colore mes actions de cet optimisme qui me caractérise.

Je crois au potentiel de chacun. Nous avons tous en nous des compétences, un talent à offrir au monde. J’ai confiance en l’avenir car rien n’est jamais définitif, on peut évoluer à tout âge, j’en suis la preuve.

Ma mission est de redonner confiance et d’aider à progresser !

Mes conseils quand on se lance dans l’entrepreneuriat

Un temps d’introspection

Pour commencer, prendre le temps de se poser les bonnes questions pour mieux se connaitre et être au clair sur ses motivations. Il est primordial de faire le point sur sa situation et sur ses besoins, mais aussi d’identifier ses passions, ses talents, ses compétences, ses valeurs et ses sources de rémunération.

La formation

Ensuite, se former et monter en compétences pour se sentir légitime. Investir sur soi est la priorité !

Le mindset quand on se reconvertit

De même qu’il est nécessaire de cultiver un état d’esprit positif

  • Se ménager du temps pour soi et cultiver le lâcher prise (méditation yoga, relaxation, sport). Pour ma part, je débute chaque journée en compagnie de Petit Bambou, application de méditation en ligne.
  • Identifier ses freins et croyances limitantes pour pouvoir les dépasser.
  • Accepter d’être traversé par des émotions négatives, ne pas se décourager et rester focus sur son la raison d’être de son projet
  • S’entourer de personnes positives et inspirantes pour s’entraider et rompre l’isolement (réseau entrepreneurial, mastermind…)

Et surtout, passer à l’action

  • Adopter la stratégie des petits pas pour ne pas se laisser effrayer par l’ampleur de la tâche. Découper son objectif en étapes intermédiaires, établir un plan d’actions avec des échéances, fêter chacune de ses victoires et se féliciter du chemin parcouru.
  • Mieux vaut fait que parfait ! Cette phrase de Charlotte Appietto est devenue mon mantra et a totalement bousculé mon conditionnement de perfectionniste !
  • Test and Learn : tester son offre auprès de cobayes (gratuitement ou à prix attractif) pour recueillir des feedbacks, améliorer sa pratique ou ajuster sa prestation.
  • Avoir confiance en son offre pour inspirer confiance !

En conclusion : bien se connaitre, communiquer sur son projet et oser.

Et ne jamais oublier : si un métier n’existe pas, on peut l’inventer !